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Vivre avec un cancer casse-couille
18 juillet 2016

S’la couler douce

Voilà quelques jours que je suis chez Denis à Toulouse. La ville des loosers, disent mes enfants qui adorent me taquiner tout autant qu’exprimer un peu jalousie envers mon toulousain. Ils n’ont pas encore appris, et ils ne sont pas les seuls, que « l’amour est le seul carburant qui augmente à mesure qu’on l’emploie », selon les propos du chanteur Hubert Pagani.

Lorsque je suis ici, j’ai presque l’illusion d’avoir une vie presque normale. Je fais le plus que je peux, autant par plaisir d’agir avec ce que je peux encore, que par désir de partager les tâches, et Denis fait le reste : je n’ai plus à passer des SMS en masse pour répondre aux nécessités de bases que je ne peux satisfaire. Nous partageons ensuite la joie des week-end estivaux tranquilles au lieu d’être cloîtrée dans ma banlieue tranquille et vidée par les congés.

Avec d’autres amis toulousains, nous sommes allés visiter un éco-village en construction, imaginé par un ami un peu perdu de vue, Frédéric Bosqué. Quel plaisir de voir un ami aussi heureux d’agir avec ces aspirations les plus chères ! De plus, cela m’a redonné l’opportunité d’écrire pour Pressenza en créant de l’information. Un bonheur vient rarement seul !

Le lendemain était aussi très joli : cette fois, en coïncidences. Nous devions aller visiter  Lauzerte, un « des plus beaux villages de France » et je m’aperçois qu’il y aura le même jour un concert de musique vocale médiévale. Peu de temps après, je reçois le SMS d’une amie : « devine où je suis ? » qui se conclue « demain, j’irais à Lauzerte ».

La poésie du SMS, c’est qu’on doit écrire en peu de mots et que l’interlocuteur imagine tout le reste. J’envoie un SMS à une amie toulousaine commune pour l’informer de la situation, ce qui la fait bien rire : « bien sûr, elle est chez moi ! ». Au final, je me rends aussi compte que cette amie toulousaine nous avait déjà informé du concert en question où on nous retrouvons. Ce que je ne savais pas, non plus, c’est qu'un autre ami marseillais ferait partie des chanteurs. Nous prolongeons le plaisir de ces quatre rencontres par une soirée à la campagne, chez un couple d’amis chanteurs professionnels de la région. Et bien sûr, nous finissons en chansons, ce que m’arrive de façon tellement exceptionnelle que c’en est un grand bonheur ! Même si nos amis chanteurs, épuisés par un concert de la veille, range bien vite leurs instruments.

J'ai aussi eu le plaisir d'apprendre à jouer des maracas, ce qui n'est pas du tout évident, contrairement aux apparences, surtout si on essaie de chanter en même temps. Notre ami percusioniste vénézuelien nous fera ensuite une petite démonstration époustouflante, des possibilités de cette petite percussion apparamment toute simple. J'adore l'imagination des percussionistes, leur sens de la fantaisie et leurs éternels bricolages à la recherche de nouvelles sonorités : je finirais pas manipuler toutes les percussions du sac, comme les enfants de la crèche de mon ancien travail.

Lors de ce long week end du 14 juillet, avec ma canne, j'ai rencontré beaucoup de personnes, connues et inconnues. Je n’ai donc pas manqué de rencontrer quelques « sauveurs ». Chacun voulait m’imposer sa propre solution, sans se rendre compte du chantage affectif et moral sous-jaçant « si tu ne le fais pas, tu seras responsable de ta mort », imaginant que je suis restée idiote et les bras croisées pendant 18 mois et aveugle à la cruauté de leurs propos ! Même si je garde mes propos cinglants dans la gibecière de ma jeunesse, j’ai quand même l’envie de leur coller une grande tarte, malgré leurs intentions évidemment bienveillantes. J’en ai ma claque d’allonger ma collection de « sauveurs », je dois réfléchir à l’avenir sur la façon de leur exprimer ce que produit leur attitude.

En vérité, l’année dernière, je suis revenue d’un enfer de solitude et de souffrances qui a le grand avantage d’amoindrir leurs erreurs en petites agaçeries.

Je remarque aussi qu’une certaine paix m’accompagne, comme si j’avais été obligé de laisser en enfer avec tous mes espoirs toutes mes expectatives. Je profite des situations  simplement, telles quelles se présentent, sans m’inquiéter de ce que j’aurais voulue qu’elles soient. Et ça aussi, c’est un grand bonheur !

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